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Stéphanie et ses 3 chiens sur le GR65

L’objectif de Cani-Compostelle est de partager des portraits de chiens-pèlerins qui ont marché au long cours sur les chemins de Saint-Jacques, ce n’est pas tout à fait le cas de Stéphanie … mais faire le chemin avec 3 chiens, c’est exceptionnel et son expérience et ses conseils ont toute leur place ici !

 

Après une séparation, Stéphanie a eu besoin de se lancer un défi un peu fou : aller découvrir la France à pied, par les chemins de Compostelle, avec ses 3 chiens. Octobre 2016, les voilà partis pour 17 jours de marche, du Puy-en-Velay à Moissac. Ils reprennent leur chemin l’année d’après, jusqu’à la frontière espagnole. Mais cette fois-ci, “entre filles” : Atlas n’est pas de la partie à cause des petits soucis de santé dus à son âge (12 ans).


Comment tu as préparé ce voyage ?

Dans un premier temps, je me suis renseignée à la fois sur les chemins jacquaires, et sur la randonnée canine, via des sites et des groupes Facebook dédiés.

La première année (Le Puy – Moissac), j’ai commencé la préparation 1 an avant de partir : pour définir nos étapes, choisir nos logements, acheter et tester mon équipement, définir comment j’allais m’organiser pour les croquettes des chiens, et bien sur pour l’entrainement physique aussi bien pour moi que pour les chiens ! Entre être habitué à marcher, et marcher de longues distances tous les jours, il y a un monde.

La deuxième année (Moissac – Roncevaux), j’ai commencé la préparation 6 mois avant, qui consistait essentiellement à définir nos étapes et à réserver nos nuitées.

J’avais emmené avec moi le Topo Guide de la FFR et le Miam Miam Dodo.

Concernant les chiens, on a fait un petit check-up vétérinaire avant le premier départ, surtout pour savoir si Atlas était apte. Ils sont tous les 3 régulièrement vaccinés et traités contre les parasites internes et externes.

 

Quel était ton budget ?

Je me suis fixée un budget relativement confortable : maximum de 35 € par jour pour l’hébergement.

 

Vous dormiez où ?

Avec 3 chiens, c’est vraiment compliqué d’arriver dans les gîtes à l’improviste ! J’avais donc tout prévu : je réservais 2 à 3 mois à l’avance dans des gîtes, des accueils pèlerins, en camping,…

En 2016, j’avais une tente donc on a aussi bivouaqué dans la nature, ou dans le jardin d’un particulier.

En 2017, j’ai décidé de ne pas reprendre la tente, elle pesait trop lourd ! J’avais donc réservé tous les hébergements. En 2018, j’investis dans un modèle ultra-light !

Ambre, Lili et Atlas ont généralement dormi dans ma chambre, sauf quand j’étais en dortoir. Dans ce cas la, ils dormaient dans une autre pièce, ou dans le couloir.


Comment est-ce que tu gérais l’alimentation des chiens ?

Habituellement, Lili, Ambre et Atlas mangent des croquettes spéciales que je commande sur Internet.

Pour ne pas changer leurs habitudes alimentaires sur le chemin, j’avais envoyé par la Poste des paquets de croquettes à nos différents hébergeurs. Ils ont toujours accepté de réceptionner les colis.

Je portais donc 2 kilos de croquettes, soit 5 jours d’alimentation.

 

Vous marchiez combien de km par jour ?

Nous avons marché en moyenne 23 km par jour, avec des petites journées à 15 km, et la plus longue à 30 km. Mais 30 km, c’est vraiment trop aussi bien pour moi (je me suis fait mal à l’épaule) que pour chiens, qui ont alors moins de temps de récupération.

Les étapes étaient définies à l’avance et pour la plupart respectées puisque je réservais l’hébergement bien à l’avance. Les nuits où j’étais en mode «bivouac », je pouvais faire quelques kilomètres de plus, pour m’avancer sur l’étape du lendemain.

 

Lili, Ambre et Atlas étaient libres ou attachés ?

Le plus souvent, ils marchaient en liberté, comme toujours lors de nos randos. J’aime qu’ils puissent eux aussi profiter de la liberté que nous offre la marche en pleine nature.

Je les attachais en revanche quand on longeait des grandes routes, quand on traversait des villes, ou des villages dans lesquels peuvent se balader des poules ou des canards, ou encore à proximité du bétail.

 

Vous avez rencontré d’autres chiens-pèlerins ?

Non, aucun !

 

Comment êtes-vous allés de chez vous au Puy, puis à Moissac ? Et les retours ?

Nous avons fait tous les trajets en train !

 

Qu’est-ce que ce voyage t’a appris sur tes chiens, et sur toi-même ?

Nos chiens sont prêts à nous suivre n’importe où, peu importe la difficulté, ils nous font confiance à 100% ! C’est donc à nous de les limiter dans leurs efforts et de les forcer à se reposer.

J’ai découvert que ma Lili a un vrai instinct de gardienne : impossible pour un inconnu de s’approcher de moi ou de mes affaires ! Il fallait montrer patte blanche…

Notre relation est devenue fusionnelle, et depuis cette aventure j’ai de plus en plus de mal à être loin d’eux. Nous avons appris à encore mieux nous connaître, je suis beaucoup plus zen avec eux et ils le ressentent.

A titre plus personnel, j’ai appris le dépassement de moi-même. Quand on veut, on peut ! Ce chemin m’a aussi permis de réfléchir à ce qui est important dans la vie, et ce qui l’est moins…

 

Est-ce que Lili, Ambre et Atlas ont eu des difficultés ? Et les COUSSINETS ?

La grosse difficulté de ce voyage a été la chaleur, en particulier cette année sur la partie Moissac – Roncevaux, où on a eu jusqu’à 30 degrés. Je ne pensais pas rencontrer ce problème en partant au mois d’octobre.

Je l’ai géré en partant dès le lever du soleil, pour marcher au maximum le matin, avant le pic de chaleur. J’essayais aussi de baigner les chiens, mais avec les cas de décès de chiens intoxiqués aux cyano-bactéries cet été, je n’étais pas très rassurée…

Mon objectif était d’arriver le plus rapidement possible à l’étape, pour que les chiens aient le plus de temps de repos possible.

Pas de problème de coussinet lié à la marche. En prévention, je leur appliquais du Dermoscent, un baume hydratant tous les soirs.

 

Un conseil à ceux qui préparent un voyage avec leur chien ?

Mes conseils sont de porter une attention particulière aux points suivants :

– Habituer le chien à marcher sur de longues distances, par tous les temps, dans toutes les situations (villes, pâtures, le long des routes…), sur toutes sortes de revêtements. Et l’habituer également à dormir n’importe où.

– Pas trop d’angoisse pour les coussinets, la nature est bien faite, ils se tannent naturellement. Si on les tanne artificiellement avec un produit avant le départ, le risque est qu’ils se fragilisent en devenant trop secs et ils peuvent alors se craqueler. C’est un équilibre à trouver entre souplesse (hydratation) et dureté (tannage).

– Les chiens doivent pouvoir se reposer suffisamment pour tenir la distance. Il ne faut pas hésiter à les mettre au repos forcé par exemple en les attachant lors des pauses, ou en les mettant au calme dès la fin de la journée de marche. Dans les gîtes, ils suscitent souvent la sympathie et la curiosité des autres personnes qui voudront venir les caresser ou jouer avec eux, c’est à nous d’expliquer gentiment qu’il faut les laisser tranquilles !

 

Il parait que le chemin est addictif … Est-ce que tu penses y revenir ?

Oh oui, on s’est arrêtés à Roncevaux. Je compte bien faire la suite en Espagne et pourquoi pas les autres voies en France !